Construire aujourd’hui en pierre au moyen de murs porteurs ou semi-porteurs, à partir d’un procédé d’extraction et de transformation respectueux de l’environnement, s’avère être une solution intéressante pour la « décarbonisation des processus de construction », comme en témoigne notre participation au projet « Îlot Fertile – Eole Evangile, Paris 19e, Premier quartier zéro carbone de Paris », où notre pierre d’Albamiel a été sélectionnée pour réaliser la section en pierre d’une partie du projet en raison de la faible émission de CO2 du produit tout au long de son cycle de vie, malgré le transport, reconnu par le rapport FDES et DAP. Le projet est en cours d’exécution par la société Bouygues.
La « décarbonisation des processus de construction »
Dans quelle mesure les matériaux de construction sont-ils importants dans le bilan énergétique d’un logement ? Imaginez une maison individuelle de 222 m2 située à Saragosse, lieu choisi par l’ingénieur aragonais Ignacio Zabalza dans une étude publiée dans la revue scientifique Building and Environement. Si les données de ce logement hypothétique sont saisies dans un programme de simulation conforme à la réglementation actuelle en matière de certification énergétique des bâtiments (RD 235/2013), le résultat est qu’il va générer environ 1,6 tonne de CO2 par an, ce qui correspond à une classe B. Or, ce calcul ne prend en compte que de l’utilisation de la maison sur 50 ans de vie (les dépenses en chauffage, climatisation, eau chaude, éclairage…). Si l’on examine les matériaux utilisés dans sa construction, il faudrait ajouter 57 tonnes supplémentaires de CO2.
Ces 57 tonnes supplémentaires représenteraient 41 % des émissions totales générées par la maison sur 50 ans, c’est-à-dire qu’il faudrait 35 ans pour que les émissions produites par l’utilisation de ce logement à Saragosse correspondent à celles de sa construction. Paradoxalement, elles ne sont pas prises en compte par la réglementation évaluant l’efficacité énergétique de ce logement, alors que son impact est beaucoup plus important que celui d’autres facteurs auxquels on accorde plus d’importance. Comme l’explique Zabalza, nous passons à côté d’une grande opportunité d’agir sur l’efficacité énergétique des maisons dès le choix des matériaux de construction.
Construire en pierre aujourd’hui : les murs porteurs et semi-porteurs sont une solution possible
Le style de construction que nous proposons pour la construction à faible émission de carbone est la construction sur des fondations en pierre et, exceptionnellement, sur des revêtements d’au moins 8 cm d’épaisseur.
Sans aucun doute, la référence dans l’architecture moderne de ce type de constructions, sans compter les constructions historiques, est Fernand Pouillon (1912-1986) qui a réalisé la plupart de ses projets de nouvelle construction entre 1950 et 1960. Amoureux de la pierre, il préconisait que le respect des prix et de la qualité de la construction permettait d’atteindre deux objectifs : donner un accès au logement pour les personnes les moins aisées et assurer une excellente conservation des quartiers en évitant leur dégradation.
Au milieu du siècle dernier, la construction en pierre massive, qui tient son nom de son équivalent en anglais, répondait à d’autres fins : le développement social et économique, même si l’importance de la réduction des émissions de carbone dans les processus de construction n’avait pas encore été constatée et que tous ces objectifs sont encore en vigueur aujourd’hui.
Actuellement, Gilles Perraudin est l’architecte à la mode en matière de construction en pierre massive, mais il est intéressant de savoir qu’il a fait ses débuts dans l’architecture avec André Ravéreau. Il a donc été formé pour comprendre la relation entre l’architecture et le climat ou comment les hommes parviennent à survivre dans des conditions extrêmes et comment construire des maisons confortables presque sans dépense énergétique, tant pour lors des processus de construction que pour leur entretien.
Perraudin a travaillé dans la nouvelle ville de Cergy Pontoise avec l’école d’architecture de Lyon dans des bâtiments soucieux du problème environnemental, mais toujours sans pierre. Il se considérait à ce moment prisonnier de la culture constructive dominante dont il dit que « les architectes ont peu d’échappatoires et sont de moins en moins invités à être des penseurs de la construction mais plutôt des créateurs de formes brillantes et abracadabrantesques ».
Selon ses dires : « Ce fut une expérience fabuleuse et fondatrice, car j’ai découvert un matériau, ses possibilités, son intérêt et en même temps ses capacités. J’ai découvert une écriture architecturale qui m’a permis de me retrouver dans ma fonction première d’architecte qui n’est pas d’inventer des formes qui finissent par être des pensées ». En outre, il nous invite à partir, comme lui, d’une vision éthique et sociale, car l’architecture n’est pas comme les autres arts, comme par exemple la musique, que nous avons le droit d’écouter ou non. L’architecture s’impose à tous.
Avec la pierre, Gilles Perraudin a découvert la rigueur de l’écriture architecturale. Grâce à elle, on peut penser le matériau du début à la fin, alors que la plupart des architectes utilisent des produits déjà inventés et préfabriqués par l’industrie. Sans maîtriser ni la production ni la conception, ils « assemblent » des produits industriels.
Gilles Perraudin a constaté des lacunes législatives concernant l’utilisation de la pierre massive pour la construction. En Espagne, il en va de même car il n’y a pas de loi spécifique et il est parfois complexe d’adapter la loi existante. C’est un point à la fois triste et révélateur d’une perte totale de la culture constructive. Alors que la majeure partie de notre patrimoine a été construit en pierre massive, nous avons tout oublié ! La législation en matière de construction a été pensée pour l’utilisation de nouveaux matériaux et c’est un désavantage évident, même si, ces dernières années, il y a eu beaucoup de progrès dans notre pays voisin, la France.
Pourquoi la pierre émet-elle si peu de CO2 ? Processus d’extraction et de transformation respectueux de l’environnement
Rappelez-vous l’affirmation de Raquel Galarza de la société Eurovertice, qui faisait les gros titres du journal Murcia Diario le 18 août dernier : « Si les entreprises ne s’engagent pas en faveur de la durabilité, il n’y aura pas d’avenir ».
Dans notre projet d’entreprise, certifié ISO 14001 depuis 2005, à ce jour :
- les différents déchets de pierre sont réutilisés, revalorisés et, en fin de compte, retournés à leur lieu d’origine et utilisés pour la restauration des espaces naturels concernés.
- D’autres déchets, dangereux ou non, sont traités par des entreprises agréées,
- Nous disposons d’énergie solaire photovoltaïque et nous acquérons de l’énergie verte,
- Nous avons commencé à changer la flotte de véhicules internes de l’entreprise à l’alimentation électrique,
- Dans les carrières, nous coupons à sec, évitant ainsi la consommation élevée de ressources en eau pour d’autres procédés de coupe primaire et secondaire effectués avec de l’eau. Nous recyclons l’eau de procédé et les seules pertes en eau sont causées par l’évaporation ou l’irrigation de voies et de places lors des périodes les plus chaudes pour éviter la pollution atmosphérique. De plus, nous n’effectuons aucun rejet sur la voie publique.
- Nous avons mené des études préliminaires sur les sols afin qu’ils ne soient pas contaminés.
- En règle générale, nous régulons la température dans nos installations grâce à des constructions en pierre massive et la régulation des courants d’air, en nous efforçant, si nécessaire, de chauffer à la biomasse,
- Nous contrôlons les émissions atmosphériques et nous avons la qualification d’industries de type C, pour les faibles émissions,
- Nous avons en cours deux projets de restauration d’écosystèmes, approuvés par l’administration compétente,
- Nous sommes sur un projet de réduction des émissions de CO2 depuis 2016,
- Nous proposons des journées intensives ou aux horaires plus flexibles et de télétravail, pour faciliter la conciliation de la vie familiale et professionnelle, car nous prenons soin de ceux qui prennent soin des autres.
- Depuis des années, nous offrons à nos employés des espaces pour jardiner et prendre soin d’animaux.
- Nous respectons la faune présente où nous habitons en partageant les espaces.
- Nous sommes une entreprise familiale fondée en 1985. Les postes de direction de l’entreprise sont occupés de manière égale entre hommes et femmes sans discrimination en raison du sexe, de l’orientation sexuelle, de la religion ou de toutes autres raisons.
Résultats des efforts de décarbonisation des processus de production de notre entreprise
Notre parcours en matière de durabilité des entreprises a été renforcé par le choix de notre matériel servant dans l’un des bâtiments du premier quartier zéro carbone de Paris. Pour certifier cette démarche, nous nous sommes lancés à réaliser une étude des émissions de gaz à effet de serre émises tout au long du cycle de vie des produits demandés (pierre pour la construction massive sur des murs porteurs d’environ 80 x 50 x 30 cm et semi-porteurs de 8 cm d’épaisseur). Il faut dire que cette étude a été réalisée en France à la demande du client et également car le pays voisin a déjà opté pour cette utilisation de la pierre massive dans la construction.
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